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Note : Comme je suis en convalescence, je me suis amusé à rédiger ce petit texte qui se lit en moins de 15 minutes pour vous faire rire en vous racontant mes aventures à l’hôpital de Gatineau.

Bonjour,

Je suis désolé pour le retard de remerciement pour les vœux de « Bonne Fête ». Malgré tous les souhaits de « passer une belle journée », j’ai passé ma journée d’anniversaire au lit cette année. Je suis sorti de l’hôpital 6 heures seulement avant ma fête.

Avant de vous donner les détails, je commence par vous remercier chaleureusement, chacun de vous, pour vos nombreux vœux que je découvre en grand nombre ce matin. C’est un des côtés que je préfère de Facebook ; ça nous garde en contact au moins deux fois par année et nous permet d’avoir au moins deux pensées l’un pour l’autre. Ça évite de tomber dans l’oubli.

Pour la raison de mon retard, voici un peu plus d’informations, avec beaucoup de détails.

Tout ça a commencé par une forte fièvre sans raison apparente autre qu’une faible douleur au ventre mardi matin. J’ai obtenu un rendez-vous chez mon médecin de famille (oui, oui la même journée) à 16h00. Merci Linda et le Dr Roy. Quelques minutes après mon arrivée, j’ai perdu connaissance dans la salle d’attente (premier événement rare). À mon réveil, j’ai dit au Dr Roy que j’étais bien content d’avoir trouvé le truc pour le voir plus rapidement. Il m’a dit que ça pourrait fonctionner si je ne l’utilisais pas trop souvent. Je suis donc parti à l’hôpital de Gatineau en ambulance (merci Wayne et Alain) pour être admis à l’urgence, dans une des nombreuses petites sections à 3 lits. Lors du transport, j’ai demandé à l’ambulancier paramédical Wayne s’il pouvait dire à l’infirmière du triage que ma vie était en danger pour passer plus rapidement. Il a dit que ça ne fonctionnerait pas parce que celle qui était là avait trop d’expérience. (Merci à Hélène, Jean-Denis et Cynthia)

Maude est repartie à la maison me sachant entre bonnes mains pour revenir le matin suivant. Les visites à l’urgence sont permises 10 minutes toutes les heures jusqu’à 22h, je crois. La fièvre est revenue à son niveau normal vers 23h00, après avoir pris 2 Tylenols, et la douleur au ventre qui avait pris de l’ampleur pendant la journée a beaucoup diminuée. On pensait que c’était un problème d’appendicite, mais le scan (merci David pour le scan et Guylaine ma chauffeuse de civière) et les tests de sang montrent qu’elle fonctionne très bien. Tous les examens d’usage démontrant que tout est normal, on me retourne à la maison à 1h15 du matin. (Merci à Jennifer, Brigitte et Jason pour vos bons soins.) J’ai pris un taxi pour ne pas déranger Maude. On me dit de retourner à l’urgence si le problème revenait. Ma femme Maude n’en croyait pas ses yeux à mon retour. Elle pensait qu’elle avait oublié de barrer la porte et qu’un voleur était entré. Lorsqu’elle m’a vue, elle s’est dit qu’elle rêvait…

Phénomène rare, l’infirmière qui m’a fait ma prise de sang s’est piquée avec mon aiguille. Elle me dit que la dernière fois que ça lui est arrivé, c’était en 1998. Elle se rappelait même de la patiente de 82 ans qui avait eu la prise (Laprise, hihi) de sang. Elle ne m’oubliera pas de sitôt si je comprends bien. La médecin de garde est venue me poser toutes les questions d’usage concernant mes relations sexuelles et mes habitudes de vie concernant le monde de la drogue depuis ma naissance et m’a dit que si j’avais un problème quelconque, de ne pas m’inquiéter, que j’allais le savoir assez vite. Je lui ai dit qu’elle était tombée sur un gars plate qui était marié depuis 37 ans et qui n’avait jamais touché à la drogue. Un gars qui a bien du « bon sang » finalement. Oups, j’ai oublié de mentionner que j’avais fumé quelques joints à 17 ans…

Mercredi matin, la petite douleur est toujours présente et va en augmentant durant la journée, comme la veille, mais sans fièvre cette fois. Vers 16h30, la douleur est devenue assez forte pour m’inquiéter et je repars pour l’urgence. J’entre au triage après seulement quelques minutes. Je raconte mon histoire à Christine (merci Christine de ta grande gentillesse) qui me répond « ah, c’est vous le monsieur du lit 29 ? ». Il y a environ 80 civières. Est-ce que ça devrait m’inquiéter qu’elle se rappelle de moi ? Après avoir répondu aux quelques questions d’usage, elle me dit que je pourrai avoir une civière, mais que comme la section de l’urgence était pleine, je serais dans le corridor. N’étant pas un familier avec l’urgence, je ne comprends pas la signification, mais j’accepte avec plaisir, si je peux m’étendre pour que la douleur soit moins forte.

Nous passons à l’admission pour glisser la petite carte de plastiques dans la machine (merci Chloée) et scanner ma carte d’assurance-maladie et c’est là que je comprends ce que veut dire « être dans le corridor ». Ma civière est littéralement dans le corridor avec environ une dizaine d’autres je dirais. On dirait des voitures stationnées le long du trottoir. Nous avons un numéro sur le mûr pour indiquer notre adresse et pas de sonnette en cas d’urgence ni de paravent. Je suis vraiment content d’avoir ma chambre juste en face de l’arrivée des ambulances. Je me dis que ça allait être comme dans l’émission « trauma », mais en vraie. La réalité est tout autre. Les ambulances arrivent, mais tous les malades sont tranquilles et les ambulanciers jasent entre eux en attendant leur tour, qui vient à la même vitesse que les patients qui arrivent par eux-mêmes. Pas de passe-droit pour les ambulanciers. Ça veut dire beaucoup de temps d’attente pour eux.

J’ai eu quelques prises de sang (merci Cassandra) et vers 1h30 du matin, le médecin vient me voir et nous discutons un bon 10 minutes ensemble pour essayer de trouver ce que je pourrais bien avoir. La logique nous dirige vers des pierres, mais j’ai déjà eu des pierres à la vésicule biliaire et elle a été enlevée il y a au moins 15 ans si ce n’est pas plus. Donc, impossible que ce soit des pierres. Ce que je ne savais pas, c’est que les pierres ne sont pas détectées par le scan mais par l’échographie. Elle me prescrit dont une échographie, mais en doutant beaucoup de trouver quoi que ce soit. Elle me dit que ce sera le prochain médecin qui recevra les résultats et qu’il va certainement se gratter la tête pour trouver ce que j’ai si les résultats de l’échographie sont négatifs.

Je ne l’ai pas mentionné, mais j’ai un as dans mon jeu. J’ai un neveu qui est radiologiste (merci Michel-Alexandre) et avec qui j’échange des textos depuis le début pour me rassurer sur ce qui m’arrive. À ce moment-ci, il m’écrit « c’est rare, mais des fois, il y a des pierres qui peuvent se former dans le cholédoque (conduit reliant le foie et l’intestin) ». Il confirme que c’est une excellente idée de procéder avec une échographie.

Juste avant l’échographie, on m’apporte un cabaret rempli de nourriture. Heureusement que je suis honnête. Je mentionne à la préposée que je ne dois pas manger. Après vérification, elle retourne le cabaret.

C’est un départ pour l’échographie (merci à mon chauffeur Céline). Lors de l’examen, tout va bien jusqu’à ce qu’on me demande de me coucher sur le côté gauche et que l’infirmière me passe la tête de lecture sur le côté droit. La douleur est soudain montée à 9/10. Je me suis souvenue de cette douleur que j’avais ressentie il y a plusieurs années et plus de doute, c’était le retour des pierres (merci Caroline pour ta douceur et tes bons mots pendant ces quelques minutes difficiles pour moi). Le radiologiste est ensuite venu pour examiner le tout et il se devait d’aller vraiment dans la douleur pour trouver toutes les pierres. Je dois vous dire que ces quelques minutes m’ont semblées des heures. La douleur est montée à 11/10 pendant cet examen. À la fin, je pleurais comme un bébé et je tremblais comme une feuille pendant au moins 15 minutes. (Merci Dr pour cet examen, je ne vous en veux pas du tout, au contraire, je vous remercie d’avoir trouvé mon problème.)

Il y avait beaucoup de monde cette journée-là. On a placé ma civière pas loin de l’ascenseur et demandé à un chauffeur de venir me chercher. Le radiologiste est venu me dire quelque chose, mais j’étais tellement encore en douleur que je n’ai pas compris.

Pendant l’attente, j’ai été touché par la bonté d’une femme qui travaillait pas très loin. Elle m’a aperçu et est venue me voir pour me dire de ne pas m’inquiéter qu’elle allait voir si elle pouvait me faire passer plus rapidement. Je n’ai pas été en mesure de lui dire que j’étais déjà passé parce que je pleurais encore. Elle a bien constaté que j’étais déjà passé. Puis, je ne sais pas pourquoi, un nouveau père est arrivé avec son bébé dans un incubateur et s’est arrêté juste à côté de moi. En voyant le bébé, je me suis arrêté de pleurer. Ça m’a rappelé tellement de beaux souvenirs. Je revoyais nos deux enfants juste après l’accouchement. C’est tellement merveilleux. J’ai échangé avec le nouveau papa pour qui c’était le deuxième. Ils avaient un garçon et maintenant, une fille, comme nous. Puis, il est reparti. Ça m’a permis d’arrêter de pleurer et de trembler. (Merci à ce papa et ce bébé dont je ne connais pas les noms.) On me fait ensuite un autre scan pour s’assurer que l’échographie n’a pas endommagé les parois du conduit. Mon chauffeur arrive (merci Francine – j’ai deux sœurs qui s’appellent Céline et Francine) et nous repartons pour mon stationnement #24 (entre le numéro 73 et 74, trouver l’erreur) dans le corridor de l’urgence.

J’ai un peu perdu la notion du temps après cette épreuve. Je sais que le médecin est venu me voir pour me dire que j’avais des pierres et que le gastro-entérologue allait passer me voir. Il est venu beaucoup plus tard pour me dire qu’ils avaient trouvé des pierres dans le cholédoque (bravo Michel-Alexandre), ce qui est très rare et qu’on me ferait une intervention demain pour les enlever en passant par la bouche sous sédation. Je suis bien content parce que c’est beaucoup plus rapide de se remettre sans anesthésie.

Autre phénomène rare, il m’annonce qu’il y a un problème, en fait 2 problèmes. Il y a deux pierres de 2 cm de diamètre. À cette taille, il n’est pas certain si les outils vont s’ouvrir assez grand pour les saisir. Il va transmettre les informations au médecin qui va m’opérer. C’est aussi un gastro-entérologue qui s’est spécialisé pour les opérations. Mon éternel optimisme me dit que tout va bien aller.

Vers les 17h00, Maude est avec moi et on vient me dire que j’aurai bientôt une chambre au septième. J’ai dormi à peine quelques heures la veille et de penser que je vais pouvoir me reposer avant l’opération me rassure. Je n’ai rien mangé depuis mon admission mercredi au souper parce que je devais toujours passer des tests. Cette fois, comme je serai opéré le lendemain, le médecin me donne droit à une diète liquide pour le souper. Vers 18h00, notre chauffeur arrive et on me monte dans une chambre. Je suis bien content en pensant que j’aurai un peu d’intimité, un vrai lit au lieu d’une civière, plus d’heures de visite et une chaise pour Maude (rien pour s’asseoir à l’urgence) et surtout, que je serai plus tranquille pour dormir.

Arrivée au septième, on me pousse jusqu’au bout du corridor et tout en marchant, la responsable m’explique que depuis une semaine, il y a une nouvelle directive du ministre de la Santé et ils ont commencé à mettre des civières… DANS LE CORRIDOR. Elle est toute en excuse. Je lui dis de ne pas s’en faire. Après tout, je suis parti d’un corridor où j’étais avec 9 ou 10 autres civières pour me retrouver dans un corridor privé. C’est toute une amélioration pour moi. (Merci Marie-Josée, Nadine et Brigitte pour vos bons soins)

Au bout du corridor, il y a quand même un minimum de personnes qui passent dans ma « chambre » puisqu’il n’y a que 2 chambres après la mienne et la pièce commune tout au bout. C’est par cette dernière que j’ai accès à une fenêtre pour voir l’extérieur. En arrivant, Maude et moi avions remarqué une pancarte sur le mur qui disait « Corridor », nous demandant bien à quoi ça pouvait servir. C’était le numéro de ma chambre.

Au bout d’environ 2 heures, une infirmière vient me voir encore toute en excuses. Mon système de distribution de soluté devait être branché et la prise (encore Laprise) dans ma chambre était en face du bureau de surveillance. Ils ont donc déplacé mon lit d’environ 50 pi. sans me changer de chambre. Il y avait un peu plus de trafic dans ce coin de ma chambre, mais comme l’heure du dodo arrivait bientôt, ça ne me dérangeait pas trop. Ils ont mis un paravent, mais les pattes dépassaient trop dans le restant du corridor et j’ai demandé de simplement l’enlever pour ne pas trop déranger. Ils ont aussi déplacé le numéro de ma chambre pour le coller au-dessus de mon lit.

À l’heure du dodo, comme la douleur était descendue à environ 3/10, je me suis dit que je devrais pouvoir aller aux toilettes seul. Ma salle de bain se trouve tout au bout de ma chambre, à côté de la pièce commune. Je pars avec mon sac de toilettes et mon poteau avec soluté après avoir demandé qu’on me le débranche. Lorsque tout est terminé, je ferme la lumière et là, j’ai comme un éclair dans le ventre lorsque je viens pour déposer mon pied droit par terre. Douleur à 9,5/10. Impossible de toucher au sol avec mon pied droit. Si je ne touche pas, douleur à 3/10. Personne ne me voit parce que je suis trop loin et je suis à environ 15 pi. de l’alarme située à côté de la toilette. On devient créatif dans ces moments. J’ai réussi à me déplacer jusqu’à l’alarme en alternant mon poids sur le devant et le derrière de mon pied gauche. En moins de temps qu’il le faut pour le dire, 3 infirmières sont arrivées en courant. Elles m’ont ramené à ma civière en fauteuil roulant. Elles ont une excellente technique pour nous déplacer sans provoquer la douleur.

Vingt-deux heures, les lumières se ferment pour la nuit, sauf une ici et là pour la sécurité. La tranquillité s’installe, je peux presque entendre les grillons et je réussis à m’endormir. J’ai vraiment passé une bonne nuit de repos. L’infirmière qui s’informe de ma nuit éclate de rire quand je lui dis que j’ai bien dormi. Elle m’a trouvé pas trop compliqué, bien dormir dans le corridor.

On vient me chercher pour l’intervention qui aura lieu à 15h00. J’ai une bonne demi-heure à attendre juste en face des salles d’opération. Comme il n’y a plus de place dans les « stationnements » à civières, je suis encore… dans le corridor. Il y a beaucoup de trafic et j’ai vraiment l’impression de déranger tout le monde. J’ai environ 30-45 minutes à attendre, mais j’en profite pour jaser avec les deux personnes qui assisteront le médecin pendant l’intervention. Ça passe plus vite en jasant et ça aide à faire passer la nervosité. De plus, elles sont très sympathiques. (Merci Nathalie et Jean-Claude) On me dit que je recevrai juste un peu de sédatif pour ne pas m’endormir, mais me tenir somnolent. Je les préviens que comme je ne prends presque jamais de médicament, je réagis beaucoup. Ils me disent qu’ils vont y aller lentement.

Le médecin vient me voir avant l’intervention. Il a l’air tellement jeune, malgré toutes ses années d’étude. Il est très rassurant et m’explique comme il faut ce qu’il s’apprête à faire. J’ai préparé sur mon cellulaire l’application « Atlas de l’anatomie humaine » (une application pour voir tout le corps humain) avec juste les couches du système digestif affichées pour me faire montrer où sont les pierres, mais je l’ai laissé dans ma chambre. Je lui mentionne et il me fait un dessin pour tout m’expliquer comme il faut. La seule chose qui pourrait ne pas bien aller, comme mentionné, c’est la grosseur des pierres.

On entre dans la salle d’opération, on m’installe sur le ventre, tout le monde met son tablier au plomb et je réalise que je n’en aurai pas. Troisième exposition aux rayons en 3 jours pour moi. Oups. Il faut ce qu’il faut. On me remet un genre de bout de tuyau que je dois mettre dans ma bouche et par lequel passera le long boyau pour passer les outils qui seront insérés jusqu’à mon intestin. On m’injecte un vaporisateur dans la gorge pour engourdir. Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment précis, j’ai une pensée pour Linda Lovelace (Gorge profonde). En deux secondes, je suis parti dans les bras de Morphée.

À mon réveil, je suis dans un lit, un vrai lit, dans une chambre. Maude est à mes côtés. Le médecin qui m’a opéré passe nous voir au bout de quelques minutes pour nous expliquer que l’opération ne s’est pas passée comme prévu. Il a bien essayé de tirer les grosses pierres hors du cholédoque en gonflant un ballon derrière les pierres, mais elles n’ont pas voulu coopérer. Ils ont donc installé une prothèse biliaire qui permet à la bile de contourner les pierres pour ne pas bloquer la sortie. C’est ça qui provoque les douleurs à 10/10. Je devrai prendre des pilules favorisant la dilution des pierres pendant quelques semaines en espérant que ça fonctionnera, ce qui n’est pas toujours le cas. Je reviendrai dans 3 mois faire enlever la prothèse et c’est là que nous saurons si ça a fonctionné. En attendant, je dois me reposer.

Je suis sorti depuis 3 jours et mon énergie est encore basse. J’ai vraiment passé la journée de ma fête, le samedi 3 juin 2017, au lit. Il me faudra quelques jours pour me remettre à mon niveau habituel et reprendre mon jogging et mon travail.

Un merci tout particulier à tous les médecins que j’ai vus à l’hôpital qui se sont très bien occupé de moi.

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Rémi Laprise

6 juin 2017